Un monde inconnu s'ouvre à moi. Les choses prennent une couleur nouvelle, un sens autre. Je ne reconnais plus rien autour de moi, ni en moi. Tout me devient étranger. L'espace n'a plus d'ampleur, les objets n'ont plus de poids et les quatre murs qui m'encerclent ne veulent plus rien dire. J'ai perdu mes repères du quotidien.
En entrant dans ce lieu, je me retrouve dans un autre monde. Au bord du vide. Je ne sais pas encore où je suis, mais je sais que ce monde, c'est celui des consciences exilées. Ici plus rien ne peut advenir parce que tout est figé. Les objets sont là, l'air m'enveloppe et je puis le mouvoir si je veux, mais il n'y a aucune signification à tout cela. Il n'y a plus de fondement. L'endroit où je suis n'est pas un endroit. L'espace et les choses ont beau m'entourer, ils demeurent absents parce qu'infiniment loin de moi. Je suis sorti d'un univers pour entrer dans un autre, sans consistance ni saveur, ni signification. J'ignore toujours où je suis en cet instant précis, mais là où je suis je sais que c'est l'absence, le vide, le rien. Silence et inertie.
Les choses sont là, mais une sorte de brume les nimbe. Je prête aux objets une réalité informe, impondérable, une existence sans question ni réponse. Monde bizarre... J'ai l'impression de ne plus faire partie de ce qui m'entoure. Pourtant je puis encore me poser la question de savoir quel est ce monde où je me trouve, parce qu'à l'instant où j'écris ces mots je commence enfin à y voir clair...
La réponse est en train de se former en ce moment-même dans ma conscience égarée, à la fois simple et terrible. A présent je sais où je suis, je sais comment se nomme cet univers si particulier, si opaque, si indéfinissable, et pour tout dire si ennuyeux... Je sais où a atterri ma conscience à travers ce lieu.