• Ne suis-je pas de ceux qui peuvent sans complexe se permettre de faire leur propre éloge tant est large leur front, tant sont verts leurs lauriers, tant est exceptionnel leur narcissisme ? Ceux à qui je m'adresse ne peuvent se permettre semblable luxe : ils n'ont pas de si grandes ailes.

    Mes détracteurs trop humbles, dénués de moyens, et surtout si chèrement attachés à leur modestie n'ont pas assez de fierté pour égaler Raphaël Zacharie de Izarra dans sa splendeur aristocratique. Leur sceptre insignifiant n'a pas assez d'allure pour une si estimable entreprise. Si je suis si peu modeste, c'est que je n'ai pas les moyens de l'être.

    Comme beaucoup, ils ont besoin de maîtres, de repères pour leur rabaisser le caquet et finalement sentir qu'ils sont peu de chose. Ils se disent volontiers qu'au nom du fait qu'ils ne sont que ce qu'ils sont, ils ne peuvent se targuer d'être autre chose de mieux, de plus flatteur, de plus grand. Moi je n'ai besoin d'aucune fallacieuse autorité pour me proclamer Raphaël Zacharie de Izarra.

    Nous sommes tous rois de nous-mêmes, rois de ce qui nous chante. Encore faut-il s'en donner les moyens. Celui qui se vante à ce point de son humilité ne sera jamais ce roi de lui-même. Rares sont les gens qui osent être ce que je suis.

    C'est bien pour cette raison que mon statut de roi autoproclamé est enviable et a une si haute valeur.

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  • Dialogue imaginaire entre une plume et une page blanche.

    - Aujourd'hui je m'ennuie, veux-tu me tenir compagnie un moment, mon amie ? Tu es si blanche, si belle toi la page vierge.

    - Oui je suis vierge, et je crains depuis toujours que ne vienne une séductrice de ton espèce pour noircir ma vie. N'approche donc pas de moi si hardiment, car je saurai bien faire dévier ton trait afin de protéger ma vertu.

    - Ne soit pas si farouche, je ne suis pas n'importe qui. Ma pointe est fine et délicate, somptueuse et élégante. Je trace ma ligne au fer souple et lisse du savoir-faire. Je ne suis pas une vulgaire bille épaisse et commune. Je suis une artiste. De mon flanc coule l'encre de Chine. J'oeuvre avec talent. Je suis de la race oubliée des plumes d'antan. J'ai le sang luisant et indélébile de la noblesse. J'ai tant de secrets à répandre sur ton grain soyeux, tant de choses à te raconter...

    - Cesse ton beau discours, tu ne m'auras pas si facilement. Ma beauté tient dans ma pureté. Je suis trop fière de ma blancheur pour la sacrifier à des mots, si choisis soient-ils.

    - Sans doute, mais ici ta beauté est muette, tandis que je puis, moi, lui donner la parole. Un beau texte vaudra toujours mieux qu'une belle page blanche.

    - Peut-être, mais j'ai l'avantage d'être admirée par l'enfant encore analphabète. Ma beauté apparaît universellement aux êtres, à l'inculte comme au lettré, à l'enfant comme au vieillard, au savant comme à l'ignorant.

    - Certes, cependant l'enfant grandit et apprend à lire. D'analphabète, il devient érudit. L'ignorant reçoit un enseignement.

    - Et que raconteraient tes mots à ceux-là que tu aurais privé du spectacle de mon éclat originel ?

    - Ils leur raconteraient d'autres éclats, d'autres beautés : ceux de mon art.

    - N'insiste pas. Vierge je suis, vierge je demeurerai. Aucun trait, aucune lettre, aucune virgule, aucun point ne souillera ma face immaculée. Passe ton chemin sans même me frôler de ton doigt impur.

    - Si je passe près de toi sans tracer ces mots enfouis en moi, ils seront perdus à jamais dans l'oubli. Les écrits au moins demeurent, alors que fuient les paroles. Laisse-moi au moins te toucher d'un mot, un seul. Et tu feras de moi une plume heureuse.

    - Ta ruse est fine, mais tu ne m'auras pas. Tu ne parviendras pas à me toucher avec tes belles phrases bien emballées. Je ne tomberai pas dans le piège de tes jeux de mots perfides, aussi subtils soient-ils. Aucun mot, quel qu'il soit, ne viendra se coucher sur moi.

    - Pourtant je suis sûre qu'un seul mot m'ouvrira la porte difficile de ton blanc hymen...

    - Tu perds ton temps, plume légère et frivole. Je suis blindée, parée contre tous les mots tentants que tu pourrais imaginer afin de les coucher sur ma face inviolée. Je connais ces mots dangereux auxquels il faut éviter de prêter attention, comme par exemple les mots doux, les mots brillants, les mots de la fin, les bons mots, les mots pour le dire, etc. Tous des mots creux destinés à séduire les pages vierges de mon espèce.

    - J'insiste encore, page blanche si belle, si fière ! Tu m'ouvriras la porte de tes charmes, grâce à un mot qui fera céder toutes tes résistances. Tu seras séduite par ce mot-là. Alors tu verras, il naîtra de cette union une histoire simple et belle : la nôtre.

    - Ha oui ? Tu me sembles bien impertinente ! Ne serais-tu pas une plume de paon pour être gonflée de tant de vanité ? Quel est donc ce mot qui me ferait ainsi chavirer ?

    - Ce mot, le plus juste qui soit, le seul dont la simple évocation t'ouvrira avec certitude à mes prières, entends-le bien, c'est très précisément le mot clé.

    VOIR LA VIDEO :

    http://www.dailymotion.com/video/x1gv3cb_le-dernier-mot-raphael-zacharie-de-izarra_news

    https://www.youtube.com/watch?v=9iSpluogMjU

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  • Ma nièce, dans sa carte de voeux envoyée au mois de janvier de l'année 2001, me signifie qu'elle aimerait bien que nous fassions ma compagne et moi un bébé en ce nouveau millénaire... Voilà ce que je lui ai répondu :

    Ma nièce,

    Souffrez que je n'aie que faire de vos voeux pour l'année 2001. Vous pouvez garder vos souhaits hypocrites et parfaitement anodins pour les redistribuer au commun, au vulgaire, à la racaille.

    Isabelle Rameaux ma compagne n'est pas une outre, une matrice, un ventre à poupons. Nous n'aimons pas les enfants elle et moi, je vous le rappelle. L'espèce puérile est à nos yeux une espèce nuisible, haïssable, encombrante. Nous préférons couvrir d'or et de soie notre chat, animal autrement plus noble, plus beau, plus aimable que vos horribles monstres tout fripés, et que vous appelez avec tant de niaiserie «bébés».

    Nous gardons donc notre cher, notre adorable, notre irremplaçable petite princesse à quatre pattes. Jamais, m'entendez-vous, jamais nous ne troquerons ce cher ange à poils et à moustaches par un affreux braillard tout chauve et incontinent des trois orifices ! Les urines, les excréments et les vomissures répandus sur notre saint hyménée ne font pas partie de nos belles, poétiques et égoïstes aspirations. Nous n'éprouvons absolument aucun amour, aucune tendresse, aucune compassion pour la gent puérile que vous représentez si bien. Ou plutôt si pitoyablement.

    Aussi je vous saurai gré de ne plus m'importuner avec vos sots courriers. Vous pourrez attendre encore longtemps que sorte du ventre de ma compagne quelque intrus à deux dents : son ventre est définitivement voué à des causes plus ludiques, plus légères, plus festives. Jamais il ne sera déformé de manière grotesque par un importun visiteur du Ciel. Les seuls anges que nous reconnaissons comme tels étant les chats, les chiens et même les araignées, tant notre horreur des enfants est absolue.

    Bien le bonjour à vos géniteurs, Mademoiselle la pimbêche.

    Votre parent.

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  • Mademoiselle,

    J'ai trouvé pour vous un bon parti. Vous ferez un heureux et beau et honnête hyménée. Un certain Monsieur de la Roche-Maillard s'est porté volontaire pour faire de vous sa légitime épouse. Il s'est proposé de devenir l'acquéreur de votre jeunesse, de votre avenir, de votre ventre principalement. Le futur auteur de votre future lignée, en somme.

    Mais je vais vous parler un peu de ce beau Monsieur de la Roche-Maillard. C'est un honnête homme, descendant d'une grande famille de clercs et de bourgeois anoblie sous Louis le Treizième. Il est rentier, comme les gens de son espèce. Il jouit de toutes ses facultés mentales. Je dirais même qu'il est rusé, le renard !

    Il n'y a qu'un léger défaut chez lui. Si léger qu'on le lui pardonne : c'est la bosse qu'il porte sur le dos. Une bosse affreuse me direz-vous ? Certes pas ! Bien au contraire, elle lui donne une silhouette, un aspect, un air caractéristiques. Sa bosse, c'est toute sa personnalité. Sa richesse, son coeur, son âme...

    Son étendard.

    Autre chose : ce bel homme est âgé. Quelle chance ! Il est très âgé même. Décidément, vous avez beaucoup de chance. Il n'est pas loin d'avoir atteint un siècle d'existence. A moins qu'il ait déjà dépassé cet âge vénérable... N'importe ! Il porte la canne avec beaucoup d'élégance. Quel ravissement que de le voir claudiquer avec sa bosse sur le dos le soir à l'heure de la promenade ! Il est édenté également. Rassurez-vous, son sourire n'a point perdu son charme pour autant. Et c'est cela véritablement qui est adorable. Il est chauve, ceci est encore vrai. Mais il faut voir avec quelle prestance il porte son beau chapeau de noble propriétaire ! Détail coquet : son front est parcouru de rides profondes qui le font ressembler à un vieux philosophe. De fait, l'on pourrait dire que ce vieillard est un jeune homme. Un jeune homme instruit par l'expérience de la vie, un jeune homme plein de sagesse. Vous ne lui résisterez pas Mademoiselle, cet homme a vraiment toutes les grâces du monde, vous en conviendrez.

    Le mariage aura lieu dès que vos parents auront touché la dot.

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  • Il est arrivé à Rimbaud de composer des poèmes de choix, je ne le nie pas un instant.

    Mais que dire, pour prendre un exemple célèbre, du «Bateau ivre» ? Qu'ont bien pu inventer les exégètes pour donner du prix à ce charabia ? Par quels chemins tortueux ces parfaits érudits sont-ils passés pour réussir le tour de force d'étaler et de vendre sans complexe, et au prix fort, leur science quant à la valeur de ce baratin versifié ? Comment peuvent-ils faire illusion aussi longtemps sans faire naître une saine, salutaire suspicion ? Pour moi cette oeuvre est tout simplement digne d'un canular de potache.

    Il est vrai que l'ancienneté de l'oeuvre, le prestige de son auteur, son particulier retentissement dans les couloirs des lycées (contribuant ainsi à en faire une espèce de légende calibrée répondant parfaitement aux goûts du siècle, surtout chez les pubères émotifs un peu fragiles) lui confèrent un cachet poétique qui trompe tout le monde.

    Les «connaisseurs» admirent le "Bateau ivre", qu'ils soient simples ignorants ou bien éminents docteurs en lettres. Dans les deux cas nous avons toujours affaire à des imbéciles victimes du tapage culturel ambiant.

    Osons désacraliser ces mythes nés de la bêtise intellectuelle qui polluent notre jugement, notre sens critique, conditionnent notre pensée vers le bas et amoindrissent nos défenses mentales. Osons dire que le «Bateau ivre», c'est tout simplement un bel exemple d'âneries portées au rang de légende universelle.

    J'ose affirmer que le «Bateau ivre» ne serait qu'une grossière mais efficace plaisanterie de Rimbaud. Au plus ces vers ne seraient que des banales élucubrations, des divagations égocentriques, des masturbations d'un auteur en mal de mal-être. Il était à la mode à l'époque de Rimbaud de jouer les poètes maudits et incompris, à la pensée éthérée, hermétique (en un autre temps pas si éloigné de Rimbaud, il était de bon ton pour les marquises et les dames du monde d'avoir des "vapeurs "). Le «Bateau ivre» n'est que le Veau d'Or de la poésie : une incommensurable hérésie.

    Le triomphe de la vérité est parfois au prix de quelque apparent sacrilège. J'ose lever le voile sur le «mystère Rimbaud», quitte à vous déplaire un instant en vous montrant le visage de hideur qui se dissimule sous une imposture longue de plus d'un siècle.

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    http://www.dailymotion.com/video/x1cezjp_l-imposture-chez-rimbaud-raphael-zacharie-de-izarra_news

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