• 28 - Le monde à travers mon lorgnon

    Prôner ce qui est ordinairement désigné comme des valeurs artificielles fabriquées de toutes pièces par la culture n'est-il pas finalement un signe de grande élévation de coeur, d'esprit ?

    Ce qui est issu de la pure culture est éminemment raffiné, estimable, sophistiqué : un signe évident de civilisation. Seuls les sauvages sont proches de la terre. Les êtres évolués sur le plan culturel tels les aristocrates, les snobs, les mondains et autres piliers de salons, vivent dans un monde d'artifice. L'artifice est le propre des gens évolués affranchis des contingences domestiques, éloignés de toute préoccupation prosaïque et blasés (donc libérés) de tout avec élégance.

    Je me réclame de cette civilisation prétendument superficielle, artificielle, surfaite.

    Je suis un snob, un fat, un prétentieux. Je suis hautain, fier, méprisant. Je déplais à la roture, à mes voisins, au monde entier. Mais l'important n'est-il pas d'être satisfait de soi-même ? Ha ! Vous dirais-je avec quel auto contentement je contemple ma face le matin dans le miroir... Je suis un grand auto satisfait. Je ne me remets jamais en question tant je suis sûr de la valeur de mes opinions, de l'inanité de celles des autres, de l'importance de ma petite personne et de l'insignifiance de ceux qui sont dépourvus de particule.

    Je suis snob, snob, snob... Et encore hypocrite, vaniteux, odieux. Je dégouline de mauvais sentiments. Je fais l'éloge de ma particule, de mon cher lorgnon, de mon nombril, de mon oisiveté. Snob et factice, voilà ce que je suis... Résolument snob et décidément factice. J'aime le superficiel, la feintise, l'illusion. Je défends les valeurs les plus contestées, les moins flatteuses.

    Je suis tout ce que mes détracteurs se défendent d'être : snob et odieux.

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