• Quoi de plus vulgaire en société que la différence, l'originalité, le hors-norme ? L'authentique bon goût n'est en vérité que dans ce que les esprits qui se prétendent supérieurs nomment la "banalité".

    Ce que l'on désigne avec si peu de gloire comme étant la "médiocrité" dans les rapports humains est en fait le garde-fou contre tous les excès de mauvais aloi qu'affectionnent ces esprits rebelles à toute pétrification sociale.
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    Les codes sociaux les plus étriqués sont mes uniques repères dans le commerce que j'entretiens avec mes semblables. Je bannis toute forme d'originalité romanesque, "manouchisante" ou poétique au contact de mes chers égaux, de crainte d'enfreindre le saint protocole immuable, figé, délicieusement sclérosé que conspuent tant mes détracteurs. Je veux parler de ces prétendus "originaux" qui se croient plus intelligents que les autres parce qu'ils se disent "ANTICONFORMISTES, REBELLES, RÉVOLTÉS"...<o:p></o:p>

    Il suffirait donc d'être vulgaire, choquant ou imprévisible pour être plaisant, plein d'esprit ?

    Dieu merci, le conformisme a fait ses preuves : rien de plus aimable que les bonnes vieilles manières issues du conditionnement bourgeois séculaire. L'usage le plus orthodoxe, c'est le costume-cravate de la relation : une attitude sans surprise, classique, formelle.
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    Adopter la courtoisie la plus étroite dans les rapports humains, c'est l'assurance de ne jamais faire de faute de goût.

    Croyez-moi, dans la vie mieux vaut être critiqué pour excès de platitudes -ligne de conduite morne mais dénuée de bassesse-, plutôt que pour excès de grossièretés -signe d'une élévation de travers-.

    VOIR LA VIDEO :

    http://www.dailymotion.com/video/x2gsggn_eloge-la-la-banalite-par-raphael-zacharie-de-izarra_school

    https://www.youtube.com/watch?v=ASyztH1ac3w

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  • Mademoiselle,

    Me voici enfin libre de mes mouvements, mon coeur est libre d'aimer qui il veut et de battre où il veut. Donnons-nous rendez-vous à la cathédrale de Chartres. Je suis libre vous dis-je, et votre jour sera le mien.

    Ce contretemps aura-t-il atténué vos femelles transports ? Vous avez l'âme d'une livresque amante, je sais votre tempérament ardent, croisons nos regards dans la cathédrale ! Y serez-vous ?

    Aurez-vous le courage de rencontrer votre amant et d'engager avec lui une fatale amitié ? Je veux voir briller vos yeux d'amoureuse dans la cathédrale. Je veux sentir le parfum du scandale sous les voûtes sages du pieux édifice. Les amours provinciales ont des charmes vipérins vraiment irrésistibles : je veux boire à la fontaine vénéneuse. L'esthète a soif.

    L'existence, en plus de ses ordinaires vicissitudes, offre de temps à autre des occasions de donner le vertige aux coeurs avisés. Et je ne manque jamais, croyez-moi, de répondre à l'appel du sort. Votre nom m'est aujourd'hui une faveur.

    Lirez-vous cette lettre dans les mêmes dispositions de coeur et d'esprit où je l'ai écrite ? C'est mon plus cher espoir. J'attends votre agrément. Cette fois l'adversité ne contrariera pas mon dessein qui est de vous voir de près, de très près.

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  • Chère cousine,

    Vous n'ignorez pas que je suis un garçon honnête, ami des arts, frère des hommes, fervent chrétien. Je vous sais femme de bien, cultivée, fortunée, vertueuse. Nous avons en commun le souci de redresser les torts de nos semblables moins bien nantis que nous ainsi qu'un ardent désir de justice, de beauté, de vérité... En conséquence, agréez de tout coeur les hautes vues que je vais vous dévoiler.

    Partagez donc ma nouvelle lubie. Esprit curieux, critique, vous ne craindrez point de porter atteinte à vos convictions au nom du triomphe de la sainte vérité, ce triomphe fût-il obtenu au prix des larmes de nos sujets d'étude : nos semblables. Ces gens sans fortune sur qui nous daignons abaisser nos regards.

    Soucieux d'égalité entre les êtres, préoccupé d'équité, tourmenté par l'idée de rapprocher les hommes les uns des autres, je me suis surpris à prendre en pitié tous les exclus : simples besogneux, racailles en tous genres, repris de justice, maquerelles, prostituées de bas étage, commis d'écurie, valetaille, manoeuvres, travailleurs de force, sans particule, miséreux de tous bords, vagabonds, bandits... Bref, tous ces gens de peu qui constituent la roture.

    Rétablissons l'honneur de cette vile espèce, faisons-nous les chantres de sa cause afin que plus jamais les honnêtes gens n'en fassent leur bouc-émissaire. Que les bandits, les forçats, les gueux, les catins, les valets, enfin les pires criminels qui soient en ce monde, expriment enfin leur dignité et aient leur couronne, leur blason. Et que l'on porte haut leurs couleurs !

    J'ai songé à une sorte d'académie dédiée à la race vile où tous ses membres pourraient jouir de la reconnaissance de leurs pairs, et surtout de la considération des honnêtes gens que nous sommes vous et moi. Il faut des droits nouveaux pour ces êtres-là, même si à nos yeux ils sont déchus.

    Dans un souci de solidarité vis-à-vis de la piétaille honnie, l'on pourrait également convertir les gens de bien à la raison et aux intérêts de ceux que je veux aider ici. Quels meilleurs drapeaux, quels plus éloquents porte-parole de la cause que des belles gens adoptant, par pure solidarité, les moeurs de ceux qu'ils ont toujours injustement combattus au cours des siècles ?

    Il faut répandre ces idées nobles parmi la bonne société, persuader les meilleurs éléments de cette humanité choisie à se ranger à ces vues révolutionnaires. Soyez du combat ma cousine. Unissez-vous à moi pour mener à bien ces desseins justes.

    Secondez-moi, répandez ces idées nouvelles. Aidez les exclus, les damnés de la terre. Au nom de ceux-là, allez pervertir l'innocence, allez souiller l'honnêteté, allez avilir la beauté.

    Répandons des idées de débauche parmi les vierges de bonne famille, montrons-leur l'exemple sans craindre de s'investir dans la pratique. Enseignons aux pucelles des couvents les pratiques charnelles les plus éhontées. Bref, incitons toutes ces timides au crime !

    Apprenons-leur aussi le commerce, le travail manuel, la filouterie, la besogne du palefrenier, le vice et le goût de la bassesse. Soyons solidaires, fraternels, unis ! Volons, buvons, ripaillons, copulons, forniquons, "luxurions", sodomisons, commerçons, trompons, blasphémons et péchons encore !

    Bref, encensons les bandits, pervertissons les jeunes filles vertueuses. Le progrès des coeurs est à ce prix. A l'instar du Christ qui n'hésitait pas à se compromettre en s'affichant avec la lie de l'humanité pour la sauver, mêlons-nous à la plèbe pour la mieux comprendre, la mieux aimer.

    Salissez votre blanche réputation, faites-vous martyre pour la justice. Par bonté, imitons ces gens que nous avons toujours haïs : nos frères ! A l'heure où certains, se ralliant à quelque minorité oppressée arborent des brassards aux couleurs vives des vérités faciles, au nom de la cause indéfendable agitons notre noir drapeau !

    VOIR LA VIDEO :

    http://www.dailymotion.com/video/x1luopg_eloge-du-vice-raphael-zacharie-de-izarra_news

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  • Aux imposteurs,

    Je crois que les excès d'érudition de mes détracteurs sont là pour masquer une grande misère culturelle et intellectuelle chez eux. En fait ces gens sont de grands incultes et d'énormes frustrés. Ils donnent l'apparence de connaître de grandes choses en d'innombrables domaines. Ils font semblant de manier la langue avec leur plume de singe. Ils feignent avoir de l'esprit. Ils prétendent au talent même. Ils veulent faire les artistes...

    Ce sont de grands simulateurs. Ils ont su tromper tout le monde, sauf moi. Je déclare la guerre aux imposteurs ! Ils se consolent de leur petitesse avec une culture, un savoir, une aisance intellectuelle de pacotille, par masques interposés. Mais tout est faux. L'illusion est leur domaine.

    Leur insignifiance est telle qu'ils éprouvent le besoin de se faire chroniqueurs, critiques, penseurs, conseillers, trônant dans la minuscule assemblée d'un salon ultra local : celui des illusionnistes de leur espèce. Cela est bien, cela nous ébaudit même franchement, mais ça n'empêche pas qu'ils demeurent des imposteurs. A l'image des astrologues, ils transmettent de l'illusion.

    Ils me haïssent parce qu'ils croient voir en moi leur véritable reflet, leur double insignifiant. En effet, je suis le miroir de leur misère, et c'est cela qui leur est insupportable. Ils me haïssent parce qu'ils sont convaincus que je suis l'image de ce qu'ils sont en vérité. Ce ne sont que des masques, et ils ne sauraient voir en face leur vrai visage que, selon eux, je suis censé représenter.

    Voilà pourquoi ils sont si méprisants face à mes attaques. Je les blesse parce que je suis le révélateur de leurs mensonges. Leur mépris n'est que la signature de leur échec, de leurs artifices. Si je n'avais pas déjà dégainé, ils se seraient empressés de me désigner comme le tartuffe de service, de crainte que j'use de cette même arme contre eux. Mais à présent tout le monde sait que ce sont eux les véritables tartuffes. Levons le voile avant qu'ils ne détournent vers moi toutes les attentions afin d'éloigner d'eux le danger. Ils se seraient empressés de faire amorcer vers moi l'ire collective, ils m'auraient fait endosser leurs propres défauts, m'auraient fait expier à leur place.

    D'habitude ils ont l'apparence de dignes esprits, et moi j'ai celle d'un clown. Mais aujourd'hui la vérité est rétablie.

    Bas les masques les illusionnistes ! Vous n'êtes plus les maîtres : je prends votre place.

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  • Je vais me présenter ici de manière plus précise ici, peut-être pour me rendre agréable et me mieux faire aimer.

    Dans l'existence ma plus chère occupation consiste à pratiquer l'oisiveté aristocratique. Je suis un rentier, un désoeuvré. Quelques paysans besognent sur mes terres héritées. Je gère ces affaires de loin, avec détachement, voire négligence. J'occupe mes jours libres à observer mes humbles semblables défavorisés par le sort pour mieux porter sur eux mon regard hautement critique.

    J'évite tout commerce, de près ou de loin, avec la gent grossière. Toutefois je daigne me frotter au peuple, de temps à autre. Et puis je lui trouve quelque attrait, par-dessous sa face vile et épaisse. Je le taquine avec charité et lui porte attention avec condescendance. Je lui parle également, choisissant bien mes mots, mon vocabulaire, de crainte de le blesser ou de ne pas parvenir à me faire comprendre de lui. Il convient d'être prudent avec le peuple : ses réactions peuvent être vives, crues, irréfléchies. Il faut un minimum de psychologie afin de bien le dompter. Bref, mes rapports avec la masse sont enrichissants et amusants. La populace m'offre le spectacle gratuit et plaisant de ce que je ne saurais être, moi.

    Je lis «France-Soir» cependant. Tous les matins je traque le fait divers sordide, l'événement infâme, l'ignoble héros du jour qui me feront oublier un instant mes heures d'oisiveté. La politique m'ennuie profondément. La tête des hommes politiques en cravate en première page des journaux ne m'engage pas à dépenser quelques sous pour accompagner mon thé matinal. Ceux-là me lassent. Moi je préfère l'aventure, l'extraordinaire, le rêve.

    Bien sûr j'aimerais mieux lire des faits plus extraordinaires que criminels dans le journal. Malheureusement mes semblables sont fous. Et à défaut de rêver chaque matin devant un événement hors du commun, un étrange personnage ou bien une belle curiosité, je me rabats sur des faits plus noirs, des êtres plus sombres, des rêves proches du cauchemar. Cela n'est pas noble, assurément.

    Mais ce sentiment de noblesse je le place dans cet aveu. Je ne cache pas le fond trouble de mon être. Je suis un humain. Comme tous, je suis fasciné par les noirceurs du monde. Oui, les histoires vraies les plus racoleuses me distraient. Ce que je préfère dans les journaux, c'est d'abord les faits extraordinaires. Et à défaut, les cauchemars, ainsi que les plus vils ragots. Je lis Pierre Bellemarre. Non, cela n'est pas de la littérature. C'est l'humanité, tout simplement. Les histoires de mes frères me passionnent. Tandis que la politique ou les analyses sèches me font gémir d'ennui.

    Dès que j'ouvre "France-Soir", c'est pour me précipiter à la rubrique des faits divers. Avec fièvre je parcours les articles, attentif au moindre trait frappant, à la moindre mine patibulaire... Je cherche l'étalage de la vie secrète et misérable d'un homme insoupçonnable qui vient de se faire arrêter pour un délit quelconque. Je jouis sans me dissimuler aucunement en lisant ce genre de torchon.

    J'aime me vautrer dans cette fange quotidienne qui m'aide à digérer mes petits fours matinaux, qui me fait patienter en attendant que refroidisse un peu mon thé. A votre avis, à quoi peuvent bien servir ces espèces d'informations, si ce n'est à distraire l'Homme ? N'allez surtout pas inventer des justifications oiseuses sur la responsabilité du citoyen ou sur la dignité d'un certain lectorat... Les gens sérieux qui lisent la politique dans "Le Monde" sont aussi sensibles que moi aux histoires fangeuses. Seulement ils se délectent de manière transposée : à travers les cours montants ou descendants de la bourse ou bien à travers la phrase politique la plus banale. Tout n'est qu'une affaire de forme. Le fond demeure le même. Parce que nous sommes tous des humains, nous avons tous nos faiblesses. Mais combien osent l'avouer comme moi ?

    VOIR LA VIDEO :

    http://www.dailymotion.com/video/x21p6nk_je-suis-un-bel-esprit-aux-mains-lisses-raphael-zacharie-de-izarra_webcam


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