• La sépulture de Lanza Del Vasto, que jadis j’étais allé voir à la tombée du jour -à l’époque elle n’était là que depuis un lustre-, est un poème tout simple dans un sous-bois (constituant une minuscule nécropole où gisent quelques autres oiseaux rares).

    Une dalle devant laquelle se dresse un obélisque, dans un endroit perdu. Une parcelle de souvenir loin de tout, hors du temps, nulle part, juste sous la Lune. 

    C’est un lieu sans nom, paisible, intemporel, un asile pour l’esprit où la réalité est claire, humble, sereine. La tombe est là, entre friche et fourré. Nul bruit du monde extérieur ne vient briser l’harmonie rustique qui règne sur cette île où semblent voler de grandes âmes.

    Je me revois encore, si loin dans le passé... Une atmosphère aérienne se dégageait des pierres, l’azur paraissait rayonner de la poussière, les cailloux tout autour du sobre sépulcre étaient comme des étoiles. J’avais vingt-et un an, je ne possédais presque rien et marchais vers ce modeste but en compagnie de quelques fous de mon espèce, à la découverte des êtres, des astres, de l’indicible. Du vent ou bien de moi-même...

    Ici les images deviennent plus vagues : le crépuscule rendait les éléments de plus en plus diffus, l’ambiance douce et mélancolique faisait croire à un rêve et je ne voyais plus que des ombres. 


    votre commentaire
  • Monsieur de Maximy est un oiseau furtif, un bec voyageur, une aile bohème qui croise de drôles d’autres volatiles à domiciles fixes.

    De passage sur le globe, des draps -frais ou pas- l’attendent dans le lit des passants qu’il aborde au fin fond de la Chine comme à Chinon : c’est un joyeux coucou nichant chez ses hôtes.

    Chacun de ses voyages est un rêve éveillé, un cadeau-surprise, un petit miracle d’imprévisibilité et d’humanité l’emmenant à droite et à gauche sur des matelas de paille ou de soie. Chaque rencontre est une audacieuse alchimie de gestes formels, de paroles mesurées et de promesses spontanées... virant au gré des vents !

    Armé de son sourire et de sa malice, Antoine ouvre tous les sésames de la planète. Même les plus blindés.

    Les caméras qui le ceignent et le suivent épient tels des périscopes tout ce qui l’entoure. Elles sont son bloc-notes. Rien de pittoresque ou de fâcheux n’échappe à leur petit oeil de verre intrusif : elles enregistrent sans artifice ni feinte ses vols hasardeux, chocs culturels et face-à-face en pleine rue ! Ou au coeur de la cambrousse. Même entre rien et nulle part, avec lui l’événement improbable est toujours au rendez-vous. Où qu’il soit, sur sa tête tombe, comme par magie, tantôt l’orage des jours rares, tantôt le soleil de l’amitié vraie. Et cela finit fréquemment en trinquant !

    Témoins de ses verres à boire et de ses déboires, de ses pas improvisés et de ses chutes opportunes, ses objectifs, véritablement, sont ses seconds yeux.

    Bref, avec Antoine de Maximy, parisien errant en chemisette écarlate -repérable de loin sous sa rouge parure devenue étendard- en quête d’hospitalité chez le premier venu, la folle aventure est dans le quotidien des gens et surtout l'appel du large, le rêve sont au bout... de l’oreiller !

    VOIR LA VIDEO :


    votre commentaire
  • Je suis chrétien pratiquant.

    Je vais à la messe tous les dimanches, droit dans ma cape, le front éclatant, le regard fier, le pas sonore, sûr de moi. En représentation extérieure, en communion intérieure : mes artifices pour les humains, mon âme pour Dieu.

    Fervent adepte de l’église catholique, apostolique, romaine, une fois par semaine je pousse la porte de la cathédrale du Mans avec ostentation, voire volontaire fracas : je suis chrétien pratiquant et tiens à ce que cela se sache.

    Pèlerin de la lumière, j’aime briller parmi les autres fidèles qui n’ont pas mon panache : je me place toujours au premier rang, laissant les humbles frissonner de froid et ternir d’insignifiance au fond de l’édifice. Moi je veux avoir la face éclairée par les plus gros cierges et m’enivrer de l’encens près de l’autel.

    Je suis chrétien pratiquant.

    Mêlant sans complexe religion et politique, ces deux flammes n’étant point incompatibles et même nécessairement imbriquées, je bénis le Ciel, maudis le gauchisme et le mariage entre sodomites.

    Lorsque je baise publiquement le saint crucifix je n’omets pas de cracher tout aussi publiquement -et avec rage- sur le LGBT, le féminisme et autres infamies pro-avortements et anti-catholiques. Le bénitier à ma droite, les objets de ma fureur à ma gauche.

    C’est que je suis chrétien pratiquant, moi !

    Je ne suis pas un croyant-potiche. Ce que je dis, je le fais : de miel sous les pieuses paroles du prêtre, de fer dans le monde. J’applique chrétiennement les préceptes salubres de mon clocher.

    Je ne sais guère chanter les psaumes religieux mais sais faire entendre ma voix : je viens personnellement faire des reproches à l’évêque pour sa mollesse au sortir de chaque célébration dominicale. Et puis d’abord je ne supporte pas que sa mitre me dépasse d’une tête ! Mais ça, c’est plus personnel.

    Certains disent que je suis un fidèle plein de scandale avec d’inutiles arabesques verbales et trop de rigidité morale et que cela est fort peu chrétien de ma part. 

    Je suis tout simplement chrétien pratiquant et cela déplaît aux tièdes bêlants qu’ils sont...

    Moi je vais à la messe le dimanche pour me ressourcer mais aussi pour m’afficher (sinon, autant demeurer chez soi à prier seul dans sa chambre.) Et, accessoirement, observer. Je ne suis pas un pion sec, un bigot étriqué ou un robot programmé pour l’imbécile immobilité. Moi je suis un humain total sans retenue ni hypocrisie qui ne renie pas sa nature cosmique : un mélange d’onde pure et de lave joyeuse.

    Tantôt mon oeil scrutateur s’attarde avec curiosité, amusement ou réflexion sur tel notable recueilli, tel épicier agenouillé, tel ivrogne en quête de rédemption, tantôt déshabille discrètement quelque bourgeoise créature tout en toilette, qu’elle soit généreusement chapeautée ou sobrement apprêtée. Parfois lorsque le sermon devient ennuyeux, je soupire avec un mépris faussement rentré et des têtes réprobatrices se tournent vers moi. Effet garanti qui me comble de satisfaction.

    Je me désole d’ignorer l’art du chant car j’aimerais être, de toutes les ouailles, la plus magnifique cloche.

    Je suis chrétien pratiquant et par conséquent pas un frileux, pas un douceâtre, pas un timide.


    23 commentaires
  • La boule à zéro, c’est rigolo !

    Mon crâne d’oeuf fait un effet boeuf.

    Quand je me rase le citron, je ressemble à une citrouille.

    Moi j’aime avoir la tête à toto, toute ronde, avec pas un cheveux sur le caillou ! Ma boule à zéro me rend marteau... Zinzin. Tout fou. Et je fais coin ! coin !

    Mais avoir la boule à zéro, c’est tellement rigolo !

    Quand dans ma tête ça ne tourne pas rond, me tondre le gazon, c’est ma thérapie-maison.

    Avec ma tronche toute lisse, je suis comme un soleil qui brille !

    Faites comme moi : passez-vous la tondeuse électrique sur le cigare, vous ferez des économies et de shampoing et de soins chez le coiffeur !

    Moi je vous le dis, la boule à zéro, c’est si rigolo ! 

    Raphaël Zacharie de IZARRA

    VOIR LA VIDEO :


    1 commentaire
  • J’aime la paix des cimetières.

    Parmi les défunts, au-dessus de leurs restes gisant sous le marbre, plane une grande sérénité. Là, tout est égal. Plus de conflits, de hiérarchie ou de faux-semblants entre les étendus.

    Des os jaunis émane le calme : ils sont l’écume de la fosse, l’azur du gouffre, les fleurs du néant, la neige du caveau. 

    Comme des nuages sous la terre.

    Je cherche le silence et la clarté des nécropoles. Je suis à mon aise dans la vérité des tombeaux. Leur affable froideur me rappelle que le pain de l’âme est dans le repos, le retrait, la méditation, non dans le vacarme du monde.

    Les champs sépulcraux sont pour moi des poèmes de pierres, et la cendre des ensevelis est un invisible firmament qui m’éclaire intérieurement. 

    Dans cette poussière ultime, à travers cette “poudre des morts”, au-delà des ossements, de la ruine des corps, je vois des soleils qui irradient. 

    Des ondes révèlent ces astres sous la stèle : la douceur, la quiétude, la poésie se dégageant des jardins mortuaires, c’est précisément cela, leur lumière.

    VOIR LA VIDEO :


    6 commentaires